Mark Surman est le directeur exécutif de la Mozilla Foundation et un fervent défenseur d’un internet participatif  et ouvert. Récemment il a donné une conférence pour la bibliothèque publique de Toronto ayant pour thème le web et l’avenir des bibliothèques. Le titre de sa présentation est d’une efficacité redoutable : « Une bibliothèque qui pense comme le web. »

Dés le départ il pose un postulat : si la bibliothèque pense comme le web alors elle tirera profit des progrès du web.  A condition que ce web soit ouvert et participatif.

Selon lui l’internet que nous aimons – entendons source de progrès – est un internet transparent, participatif, disséminé, hackable et ouvert.  Un web que chacun d’entre nous s’approprions, modifions et enrichissons. Il  cite Flickr, la licence Creative Commons, Wikipedia, et Firefox, bien évidemment. C’est cette liberté offerte aux internautes qui définirait le web d’aujourd’hui – il ne cite pas le web 2.0. Par opposition, tout ce qui est  opaque, passif, centralisé, immuable et fermé ne s’inscrit plus dans cette marche en avant de l’internet – Je vous passe le couplet sur la Fondation Mozilla qui a sauvé le web du monopole moyen-ageux de Microsoft.

Au final Mark Surman ne fait qu’affirmer ce que nous avons déjà pressenti : la bibliothèque en ligne ne peut plus être un lieu verrouillé, centralisé où l’usager est totalement passif. Fort heureusement nous avançons sur ce point. Déjà bon nombre de sites de bibliothèque proposent la participation via l’intégration des avis des usagers internautes ou encore le taggage des notices. Nous avons encore un peu de mal à mettre en valeur tout cela.

Mais il faut aller plus loin. Et notamment en  ré-affirmant la bibliothèque comme lieu privilégié d’une  » information literacy  » et d’un accompagnement de l’usager pour qu’il soit effectivement créateur de contenus – même si c’est sur wikipédia ou un blog personnel – voire  moteur de certain service – je vous renvoie à l’extraordinaire projet Danois Mindpost.  Autre point important,  la bibliothèque doit porter la dissémination de ces contenus  sur  la toile – les siens et ceux de ses biblio-acteurs. La bibliothèque vecteur et moteur de la grande conversation du net. La Démothèque des Médiathèques de l’agglomération Brestoise ne fait rien d’autre que d’encourager une scène locale dans l’immense océan musical de MySpace et du web en général.

Enfin  la  bibliothèque doit être open source : des SIGB libres, des données libérées et donc disséminables, des services ouverts à tous via notamment l’utilisation d’une open ID. Sur ce point et comme beaucoup d’autres services publics en ligne nous sommes très en retrait.

Au final Surman pousse le curseur assez loin en réclamant une bibliothèque hackable par sa communauté de pratique et d’intérêt –  J’entends déjà hurler dans les chaumières bibliothéconomiques…. dont forget the crazy frog !  D’ailleurs ce discours est universel puisque son auteur l’applique à l’université, à la ville, à la région …
« Dans La bibliothèque que nous voulons » termine Surman, ses usagers – réels ou virtuels –  » font la bibliothèque. Ils la rendent meilleure chaque jour. »

C’est très idéologique, ce n’est pas un bibliothécaire qui le dit mais je l’accompagne volontiers ……

2 commentaires sur « Une bibliothèque qui pense comme le web ! »

  1. oui oui ….. c’est la bib du futur… celle du user generated content. Plus qu’un blog ou du tagging, la bibliothèque est une forme de réseau social ou chaque lien est un document.

    C’est le document qui fait le liens entre les usagers et non pas le bibliothécaire… Les usagers viennent pour les documents, le contenu. Ils doivent donc en maîtriser à terme tout ou partie (contenu, clé de recherches, organisation spatiale…).
    A la manière d’un Wiki ou d’un Youtube. La bibliothèque est une plateforme alimentée par les choix « et non plus suggestions des usagers ». Une forme de communauté animée (modérée ??) par les professionnels. Le choix des ouvrages des systèmes de classement et même d’autres choses pourra un jour être une forme de décision participative.
    Ce jour, on aura une bibliothèque en phase avec des besoins réels, pertinente en terme de réponse documentaire, plus éclectique et diversifiée en terme de collections et ou une vraie transversalité pourra s’opérer (partage des connaissances entre pro et usagers). On est très loin de ces modèles encore mais on y vient tout progressivement. Moi je crois que c’est possible et je suis d’accord avec les propos de Mark Surman. Il s’affranchit du connu (comme Krishnamurti 😉 ) pour recréer un concept neuf libéré des contraintes et orienté utilisateur. je le rejoins en disant, comme lui qu’il faut décliner cette méthode pour les villes , l’entreprise (c’est déjà en marche dans certaines), l’école …. Repenser les concepts pour modifier le réel… Les repenser comme le web, la sécurité sociale ou l’éducation, avec l’idée que c’est possible, que ces modèles sociaux et parfois gratuits existent et sont déclinables.

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  2. Génialement simple et étoffé… Ça montre comment il est important d’apprivoiser d’autres regards pour apprivoiser la bibliothèque :-). Vive l’interprofessionalisme qui émerge en bibliothéconomie!

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