je pars à Brioude où j’interviendrai demain sur les blogs de bibliothèques dans le cadre d’une journée d’étude organisée par l’ABF Auvergne. Il est intéressant de noter que les demandes sont de moins en moins sur la définition d’un blog ou de ce que l’on pourrait faire avec, mais plus sur des aspects organisationnels. Qui s’en occupe et comment ? La modération ? Les responsabilités ? Les relations avec le service communication ? …. Comme une dernière marche encore difficile à franchir.

Ma présentation passera nécessairement par la définition et les usages possibles des blogs. Mais cette fois ci j’insisterai plus sur la mise en œuvre en interne d’un tel projet. Et notamment sur la question de la légitimité de l’outil dans l’équipe.

L’ouverture technique d’un blog ne prend que cinq minutes. Mais il est essentiel de prendre le temps nécessaire pour penser cette ouverture – sur ce point lire cet article de Daniel Fichter. Cette réflexion doit être collective. L’idée est de légitimer cet outil au sein de l’équipe. Non pas pour que tout le monde contribue au blog – ce qui est l’idéal – mais pour s’assurer que ce blog ait du sens  pour tous. S’assurer qu’il ne soit  pas perçu comme un gadget à des années lumières des missions que l’on se fait de son métier.
Cette légitimité est la condition sine qua non du succès du blog. Un agent convaincu est un agent qui défend l’outil auprès de l’usager. Et notamment aux renseignements où à la banque de prêts. Il doit être capable d’expliquer l’objectif de ce blog, il doit proposer à l’usager de le consulter, voire d’y contribuer dans le cas où le blog ouvre ses lignes aux critiques des lecteurs. Si tout le monde ne peut ou ne veut pas écrire sur le blog de la bibliothèque, il doit néanmoins être défendu par tous.
La force d’Everitouthèque, le blog que j’anime à la Médiathèque du Pays de Romans, s’appuie totalement sur cette légitimité. Plus de deux mois de réflexion ont précédé son lancement. Une période pendant laquelle, j’ai expliqué, montré, sensibilisé les collègues sur les enjeux de ces nouveaux services aux usagers. Deux mois aussi pour réfléchir ensemble sur la ligne éditoriale, de ce que nous pourrions raisonnablement écrire et à quelle fréquence. Enfin et surtout un temps utile pour expliquer qu’un travail collaboratif entraine nécessairement une « mise en danger » de la cohésion de l’équipe; il n’ai jamais facile d’entendre que l’on ne comprend rien au billet que nous venons d’écrire, ou que celui ci est plein de fautes d’orthographes, ou encore qu’il n’est pas dans la ligne éditoriale. L’acte d’écrire n’est jamais anodin …

C’est pour cela qu’il est important  de penser le parcours du billet avant sa publication. C’est ce que j’essaie d’expliquer avec le slide n° 60 de ma présentation. L’animateur/administrateur du blog est un postulat. Cela doit être une personne définie et non tout le monde – nous avons tous que lorsque c’est tout le monde c’est en fait personne ! il est au centre du parcours du billet. C’est lui qui réceptionne les billets proposés, vérifie qu’ils soient bien dans la ligne éditoriale – légitimée puisque définie ensemble -, qui les complète si nécessaire par des liens, ou des images. Le fait qu’un collègue ne sache pas le faire ne peut être un frein à  sa contribution au blog. Si le billet pose problème il le renvoie dans la boucle, expliquant ce qui ne va pas. C’est toujours un moment délicat …. là encore la légitimité de l’outil pèse énormément, notamment si on refuse de publier le billet. Cela m’est déjà arrivé pour Everitouthèque …. le dialogue et la ligne éditoriale sont des alliés de poids.
Enfin l’ animateur/administrateur est le modérateur des commentaires. Je n’insisterai jamais assez sur une modération à postériori, qui est le véritable levier d’un service interactif. Pour être franc je suis modérateur 24h/24h et en cas de congés il est nécessaire de donner cette mission à une personne précise.

En bref, l’ouverture d’un blog n’est pas anodin et engage une réelle réflexion sur l’organisation interne. il ne s’agit pas d’un service  qui est parallèle aux autres. Il est à intégrer dans son temps de travail. Dans ma bibliothèque, écrire pour le blog est partie prenante du travail de médiation de mes collègues. Il est une compétence requise et donc intégrée dans le temps de travail. Mais le volontariat est là aussi un postulat. L’argument « je n’ai pas le temps de le faire n’est donc pas tenable ». D »ailleurs mes collègues ne le disent jamais car ce travail est à leurs yeux légitime … CQFD !

PS : changez le mot « blog » par « nouveaux services en ligne » …. ça marche 😉

3 commentaires sur « Un blog de bibliothèque n’est rien s’il n’est pas légitime au sein de l’équipe des bibliothècaires »

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