Je suis un vilain méchant bibliothécaire libéral & pragmatique qui soutient Amazon …

Sur le blog Livres échanges Bertrand Strainchamps de la libraire en ligne Bibliosurf s’en prend aux bibliothèques qui utilisent le web service d’ Amazon pour enrichir les notices de leurs catalogues :

Le contrat d’Amazon exige en retour derrière l’image récupérée un lien vers la notice correspondante sur le site d’Amazon. Ainsi, grâce à cet échange de bons services, Amazon tisse sa toile sur le Net.
[…] il serait regrettable que des bibliothèques participent avec de l’argent public (les modules fournis par les prestataires ne sont pas gratuits) à l’extension de la toile d’araignée d’Amazon.

Parmi les nombreux commentaires, Bertrand Strainchamps s’explique :

« Si les bibliothécaires n’arrivent pas à mutualiser cette tache [ récupération des vignettes de couverture], il serait bien que la profession encourage l’émergence de nouveaux prestataires. Quelle bibliothèque travaille avec Titelive qui fournit déjà des données enrichies aux libraires ? Pourquoi les distributeurs ne fournissent pas ces données ? Electre doit-elle être la seule société sur ce marché ?
Entre le gratuit mais en fait payant en terme de liberté publique que sont les plateformes web 2.0, le logiciel libre, et la logique propriétaire, il y a sans doutes des mixtes possibles. Mais pas au détriment de la profession de libraire.

Les bibliothèques par l’utilisation de ce webservice serviraient donc la soupe au grand méchant Amazon au détriment des libraires traditionnels et locaux. Déjà qu’elles fricotent avec le diabolique Google …..
Je vous encourage donc à lire les commentaires passionnés qui suivent le billet de Bertrand.

Pour ma part. Sur le problème de fond soulevé par ce billet, Je suis assez d’accord . Par contre, la forme un peu « donneur de leçon », un peu « gardien d’une morale » me donne la migraine. Je trouve un peu facile de ne pointer du doigt que les bibliothèques et leur incapacité à mutualiser leurs services, alors que le reproche peut être tout autant retourné vers les libraires.
Sur cette question, c’est le commentaire laissé par Nicolas Morin qui traduit au mieux ma position. Je me permets de le reprendre ici :

* tout l’argument de B. Strainchamps repose sur l’idée d’une chaîne du livre solidaire. Que je n’ai jamais vue en action pour ce qui me concerne.
* j’attends encore qu’on me montre l’endroit où le législateur a donné aux bibliothèques pour mission de soutenir non seulement la librairie en général (la FNAC et Amazon sont des libraires, entre autres), mais spécifiquement la librairie « de qualité, indépendante, etc ».
* le législateur a donné pour mission aux bibliothèques de proposer au public le meilleur service possible au coût le plus juste : elles dépensent l’argent du contribuable.
*  les libraires ne proposent aucun service alternatif crédible à ce stade. On a envie de répondre aux incantations de B. Strainchamps (Non à ceci, Non à cela) que les libraires n’ont qu’à proposer une alternative. Et qu’ensuite ils pourront se plaindre des bibliothèques qui ne saisissent pas l’occasion
* si je suis l’argument de B. Strainchamps, je dois en déduire qu’il attend des bibliothèques qu’elles s’abstiennent de proposer un service utile au public par solidarité avec les libraires. Bref: si la chaîne du livre doit mourir, mourrons tous ensembles, et gare à celui qui essaierait de s’adapter au numérique.

Je suis donc un vilain méchant bibliothécaire libéral & pragmatique … et je ne le savais même pas !

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