Voici en exclusivité les supports, les liens, en un mot les contenus de la session de formation que nous avons crée l’année dernière. Cette nouvelle saison s’est tenue à Montpellier en novembre 2011 sur 3 jours. Elle était co-animée par Silvère Mercier et moi-même. Il s’agit de la seconde fois que ce cycle a lieu, c’est donc la seconde saison de Biblioquest, la série 😉
Organisée sous l’impulsion de l‘INSET de Nancy, elle s’adresse aux direction des bibliothèques territoriales et vise à provoquer une prise de conscience, à faire naître des pratiques et des argumentaires permettant le développement de projets de médiation numérique dans les établissements. Il s’agit ici du second Episode de cet itinéraire de formation que nous avons intitulé Biblioquest, la trilogie du changement, le premier épisode porte sur les outils numériques et le prochain traitera des contenus. Vous trouverez tous les liens vers le catalogue du CNFPT à la fin de ce storify avec les liens vers les stages pour vous y inscrire si vous le souhaitez.
La demande étant très forte pour ce type de formation nous avons souhaité développer l’équipe des formateurs. Renaud Aioutz et Anne-Gaëlle Gaudion ont suivi cette formation au titre de la formation de formateur (ils ont pris pas mal de notes, notamment via twitter pour Renaud ce qui nous a permis de vous proposer ce storify). Ils animeront donc une session supplémentaire en 2012 à Nancy, et nous maintiendrons cette formation avec Silvère à Montpellier dans un an. Vous aurez donc droit à 2 cycles de 3 épisodes chacun en 2012 !
Voici donc le déroulé de la formation et de ses contenus à travers des tweets et des liens vous permettant d’approfondir et de découvrir les notions abordées. C’est le tout premier storify d’une formation de bibliothécaires, c’est à ce jour ce qu’il existe de plus complet sur la médiation numérique dans les bibliothèques, profitez-en, n’hésitez pas à le lire et à le faire circuler!
« plutôt les conditions commerciales imposées par la distribution, qui impose aux petits magasins de proximités que forment le coeur de la librairie, des conditions commerciales de plus en plus semblables à celles qu’elle accorde aux grandes surfaces (GS) et aux grandes surfaces spécialisées (GSS). La librairie est le commerce de détail qui a la marge la plus faible : on comprend que ce soit pour beaucoup d’entre eux, intenables. »
Mais la transformation des pratiques commerciales, n’explique pas à elle seule les difficultés des libraires. Celles-ci reposent aussi dans les transformations de nos pratiques culturelles. C’est tout le propos du second billet « Pourquoi nous sommes-nous détournés des librairies ? « .
Qu’on s’en désole ou qu’on s’en félicite, nos modalités de consommation, à l’heure de l’hyperconsommation […] me semblent également à prendre en cause. Nous n’avons plus le même rapport à la culture, à l’écrit, qu’il y a 30 ans, date de l’instauration de la loi sur le prix unique du livre. Le livre est devenu un produit de l’industrie culturelle comme les autres, que nous ne consommons plus de manière isolée – pour ceux qui le consomment encore.
S’il reste encore des gens qui ont la culture de l’imprimé et uniquement de l’imprimé, les plus gros lecteurs sont devenus des gens aux pratiques culturelles multiples, qui ont intégré les écrans dans leurs modes de consommation culturelle. Pas les libraires.
Un passage m’a particulièrement frappé :
La proximité physique et le conseil, les deux vertus de la librairie ne sont plus de mises. Visiblement, le confort de l’algorithme et de la sérendipité leur suffit largement ! Le lecteur occasionnel est devenu autonome. Il a largement le choix dans ce qu’il veut lire et il est peu probable que l’élitisme de la librairie se retrouve en adéquation avec ce type de lecteur. Le conseil des moteurs de recommandations, aussi imparfait soit-il, est parfois bien plus riche que le regard condescendant d’un libraire ou son conseil qui tombe à côté. La complexité des mobilités et des parcours d’achats, rendent peut-être aujourd’hui plus facile, pour des consommateurs occasionnels, un achat groupé avec d’autres achats ou une commande sur l’internet, que de passer à la librairie du bas de la rue. »
Un constat que l’on peut appliquer aussi aux bibliothèques.
Un billet à lire absolument et qui a le mérite d’appuyer là ou ça fait mal …
Une présentation incontournable de Vincent Chapdelaine qui s’interroge sur ce qui doit caractériser une bilbiothèque publique en tant qu’espace.
« De nouveaux modèles d’espaces physiques, ouverts sur la communauté et favorisant la collaboration et l’apprentissage, sont en émergence partout dans le monde, dont à Montréal. Alors que des projets de coworkings, fablabs et living labs sont en développement, d’autres propositions, comme le Uni à New York et l’Atomized Library, remettent en question de manière radicale le modèle des bibliothèques publiques. En parallèle, de nombreux cafés de quartier se transforment naturellement en espaces conviviaux d’étude, de travail et de tenue d’événements de partage de connaissances: rencontres littéraires, universités populaires, conférences, microconférences et anticonférences.
Toutes ces initiatives ont en commun de répondre, sans trop en avoir conscience, à une mission traditionnellement associée à celle des bibliothèques publiques, soit celle de garantir un accès démocratique à la connaissance au sein de communautés locales. Elles ont également pour effet de transformer le visage des villes, en favorisant l’émergence de nouveaux lieux et en transformant ceux, existants, qui démontrent une compréhension des codes d’une culture fortement en phase avec le numérique, sensible à l’importance du design et de l’expérience sociale.
Cette conférence se veut une introduction à cet écosystème d’espaces et de pratiques émergentes, illustrés par plusieurs projets concrets en cours à Montréal et ailleurs. Nous poserons également la question suivante: quels rôles les bibliothèques publiques, et les professionnels de l’information, peuvent-ils et devraient-ils jouer dans ce nouvel environnement? «
InternetActu.net lance chez Publie.net “Washing Machine” une collection de livres numériques cherchant à changer notre regard sur les enjeux du numérique, au croisement des technologies et de leurs usages. A priori, la collection accueillera 8 à 10 titres par an, pour l’essentiel provenant de contenus publiés sur InternetActu.net.
Depuis 2003, la perte d’inscrits est de 16,5% pour les bibliothèques publiques, et de 14% pour les bibliothèques de l’enseignement supérieur. Il en est malheureusement de même pour la fréquentation des « non inscrits ».
Christelle Di Pietro indique dans cette brève un article de C. Poissenot dans lequel il fait un constat tout aussi alarmant : Entre 2004 et 2009, ce sont les trois quarts des bibliothèques centrales de communes de plus de 50 000 habitants qui sont frappés par une baisse de leur fréquentation. Les établissements qui représentent la lecture publique par des bâtiments d’envergure sont encore plus touchés que les autres. Même des réalisations récentes, qui ont fait la fierté de la profession, sont délaissées par les citoyens : Vénissieux (– 31 %), Évreux (– 30 %), Orléans (– 28 %), Villeurbanne (– 24 %), Nice (– 23 %), Poitiers (– 22 %), Châlons-en-Champagne (– 20 %), Limoges (– 20 %), Blois (– 17 %), La Rochelle (– 17 %), Chambéry (– 16 %), Reims (– 16 %), Toulouse (– 10 %), Montpellier (– 9 %) …
Olivier Tacheau met le doigt sur l’une des raisons de la baisse de la fréquentation des bilbiothèques, à savoir des horaires d’ouverture inadaptées. Sur son blog, il fait le constat suivant « J’ ai trouvé plus d’une trentaine de B.U fermées en ce lendemain de 11 novembre en moins de 10 minutes sur Google, sans aller plus loin ». Et de s’emporter :
» sur l’assentiment collectif et l’irresponsable légèreté avec laquelle les BU ouvrent ou plutôt ferment leurs portes pour un oui ou pour un non, sans aucune raison objective ! Je sais, vous allez encore me faire le coup des étudiants qui sont rentrés chez papa/maman ou de la fac qui coupe le chauffage… et je vous répondrai juste que cette manière de penser et de toujours se disculper est suicidaire. Si les étudiants ne viennent pas c’est parce qu’on est fermés, pas l’inverse, et qu’on les oblige à nous vous regarder d’un œil désabusé et résigné devant tant de mépris de leur condition et de leurs besoins. »
Le Motif s’est effetivemment interrogé sur l’impact des horaires d’ouverture sur les usages et fréquentations en bibliothèque publique. L’étude conclut à une effective corrélation entre les horaires d’ouverture et les profils d’usagers accueillis. L’élargissement et l’adaptation des horaires contribuent donc à attirer de nouveaux publics et accroître la fréquentation des publics habituels.
Jean Michèle Salaun nous explique qu’avec le numérique le bilbiothécaire devient lui aussi un architecte, un architecte de l’information.
« Il est aujourd’hui indispensable, pour des sites web riches en contenus, des sites de grandes institutions, à but lucratif ou non, de faire appel à des spécialistes de l’organisation et du repérage de l’information, de même qu’à des spécialistes de l’expérience des utilisateurs. Ces deux types d’expertises convergent vers un même objectif : garantir un accès intuitif et facile au contenu, pour l’utilisateur d’une application ou d’un portail web (ou, plus généralement, de tout système d’information). On appelle les professionnels détenant ces expertises des Information Architects, « des architectes de l’information
L’enjeu pour ces nouveaux professionnels (…) construire à la fois des prestations et des institutions qui soient réellement dédiées à la communauté qu’ils servent, reprenant à leur compte la longue tradition des infrastructures épistémiques, sans l’inféoder aux stratégies industrielles qui visent à verrouiller le Web ni la réduire à la logique performative des ingénieurs. «
Il n’existe au Québec et en France à ce jour aucune formation en architecture de l’information. Et ce n’est pas de la science fiction … – Amazon : l’industrialisation de la fidélisation – La Feuille
Hubert Guillaud nous fait brillamment la démonstration qu’Amazon est tout sauf une bibliothèque comme l’on a essayé de nous faire croire la semaine dernière.
Il faut prendre la mesure qu’Amazon est une industrie, dans l’acception la plus capitaliste du terme. Mais ce n’est pas qu’une industrie qui repose sur l’exploitation de la force de travail. C’est aussi une industrie du marketing, qui repose sur l’exploitation de tous nos biais cognitifs pour favoriser la commercialisation de ses produits.
Reste que c’est seulement en comprenant en profondeur son fonctionnement qu’on saura trouver des parades et développer des offres alternatives à l’omnipotence d’Amazon comme des autres grandes industries de l’internet.
Marie D. Martel, très impliquée dans la bilbiothèque des indignès de Montréal, continue à nous faire partager le quotidien de cette « bibliothèque clandestine » :
Le jour tombe quand j’arrive. Le temps qu’on fasse un brin de conversation, il fait noir. Éric me propose une chandelle. Mais le vent l’éteint tout de suite. La génératrice se met en marche, Jamie réussit à brancher une ampoule. Une fois, deux, trois de suite, c’est le black out qui se répète. Jamie lance que ça doit être comme ça à Bagdad et nous rions. J’en suis à me demander si je vais pouvoir finir de ranger : mon iPhone s’est épuisé à servir de flashlight. Puis, Walter surgit avec une petite lampe dell. Je le remercie et je lui dit que ça me donne l’idée de traîner une lampe frontale dans mon kit. «Like a miner’s lamp?» No Walter, a lamp for literature mining!
En attendant les indignés français tentent de s’installer … mais les compagnies de CRS veillent. Difficile dans ces conditions de tenir une bibliothèque du peuple …
L'affirmation du lien social face à l’algorithme ? - (Par Stéfan. CC-BY-SA Source : Flickr)
En mars 2010 aux Etats Unis et sur une semaine entière, un réseau social, Facebook, a devancé Google par son trafic. De peu, certes. Non pas que Google perd du terrain, mais parce que l’audience de Facebook se développe plus vite que lui. Un fait qui révèle une mutation forte : l’affirmation du réseau face au moteur de recherche, du lien social face à l’algorithme. L’affirmation d’un web social dans lequel des internautes partagent et font remonter les informations qu’ils jugent intéressantes à des gens qui les jugent dignes de confiance.
Le monde des bibliothèques s’interroge aujourd’hui sur sa présence web. Si ce web social était un territoire, Facebook serait le 3ème pays le plus peuplé du monde. Où serait la bibliothèque sur ce territoire ? S’il est aujourd’hui admis que la bibliothèque doit être là où sont les usagers, reste à savoir sous quelle forme et dans quel but.
Promouvoir la bibliothèque et ses services
De nombreux blogs, comptes Twitter ou encore pages et profils Facebook de bibliothèques sont utilisés pour promouvoir leur établissement dans des espaces numériques utilisés au quotidien par leurs usagers. Globalement nous y trouvons une information factuelle sur le fonctionnement de la bibliothèque (horaires, date de fermeture, mode d’emploi), les activités et des annonces d’événements. Parfois un retour d’animation via publication de photos et/ou d’articles. Les collections sont mises en valeur par l’annonce de nouvelles acquisitions ou de nouveaux abonnements à des revues. Au final des espaces pensés comme des annexes du site de la bibliothèque sur le web social. Des outils de dissémination de l’information institutionnelle qui s’inscrivent dans une stratégie de communication afin de faire mieux connaître l’institution et donner une image moderne de la bibliothèque et de ses agents. Un indéniable levier d’audience et de notoriété.
Améliorer la relation bibliothécaire /usager
Le web social par ses fonctionnalités participatives que sont les commentaires, les annotations, les recommandations créée une proximité nouvelle entre les usagers et la bibliothèque. Des usagers qui n’hésitent plus à se manifester.
Ainsi les bibliothèques universitaires d’Angers disposent de deux pagesFacebook qui rassemblent chacune d’elles plus de 1000 amis. Les bibliothécaires sollicitent régulièrement cette communauté pour recueillir leur avis sur un service, une animation en cours mais parfois pour débattre. Lire notamment les échanges sur la page Facebook de la BU de Saint Serge au sujet des réactions passionnés de certains étudiants déclenchées par l’exposition « vaticane ». Des échanges auxquels participent bien évidemment les bibliothécaires ayant bien compris qu’il s’agissait là de moments privilégiés pour connaître et accompagner ses usagers, permettre une amélioration et peut être une meilleure compréhension des services. La valeur ajoutée ici, n’est pas Facebook mais bien le travail d’animation de la communauté en ligne effectué par les bibliothécaires.
Se positionner sur des communautés d’intérêt qui vont bien au delà des usagers de la bibliothèque - (Par Stéfan. CC-BY-SA Source : Flickr)
Une approche locale dans un web global
Quelle soit marketing ou communicationnelle cette démarche présente une limite ; elle est trop biblio-centrée car elle ne s’adresse qu’à la communauté locale des usagers de la bibliothèque et ne vise qu’à défendre l’image de l’institution. Car au delà des usagers du service public local, qui à la volonté d’être ami avec une bibliothèque sur Facebook pour partager des horaires et de nouvelles acquisitions ? Le web social est utilisé par les internautes pour converser, échanger, partager au sein de communautés globales d’intérêt – fan de bd, d’un artiste, de ma ville … Il est dommage que la bibliothèque n’essaie pas de se positionner aussi sur ces communautés d’intérêt qui vont bien au delà des usagers de la bibliothèque.
Au final, beaucoup de bibliothèques se sont inscrites sur ce territoire numérique en se demandant uniquement ce que le web social pourrait apporter à leur service local.
Le risque est de se contenter d’y aller par ce qu’il faut y être, comme une fin en soi. Ne serait-il pas plus audacieux de se demander ce que la bibliothèque peut apporter au web social ?
Ce que les bibliothèques ont à apporter au web social
Les réseaux sociaux n’ont pas vocation de valoriser une institution mais de susciter des interactions auprès d’internautes qui ont des identités communes. Être présent sur le web social signifie de publier des contenus qui ne soient pas spécifiques à la vie de la bibliothèque, mais partagés par le plus grand nombre.
La Bibliothèque Francophone de Limoge est présente sur Facebook via une page “L’emusic box”qui se veut être un jukebox virtuel qui propose à l’écoute des artistes musiciens de la région Limousin. La page permet également de suivre l’actualité des artistes et annonce leurs concerts. La bibliothèque se positionne comme l’un des animateurs de cette scène locale en offrant des espaces numériques dans lesquels cette communauté accède à des contenus, partage ou converse. La page Facebook rassemble aujourd’hui 694 amis, mais aussi 736 amis sur Myspace, 213 abonnés sur Twitter. Tous ne sont pas des « amis » de la bibliothèque mais des « fans » des artistes locaux portés et défendus par les bibliothécaires de Limoges. Le blog Médiamusde la médiathèque municipale de Dole est perçu d’abord comme un blog thématique musical avant d’apparaître comme un service de la bibliothèque. Ce positionnement lui a permis d’être très bien classé dans la communauté d’intérêt des amateurs de musique.
Le bibliothécaire, journaliste de ses collections ?
Ces exemples démontrent que si la gestion d’un fonds documentaire reste un pilier de notre métier, il n’est plus exclusif. La gestion de « sa visibilité », la recommandation de ressources externes et l’animation du réseau des lecteurs et/ou des communautés d’intérêts potentiels rattachés à ces documents sont d’une importance égale si ce n’est plus à l’heure du web social. La bibliothèque s’éditorialiste, le bibliothécaire devient le journaliste de ses collections et des ressources web qu’il aura repérées.
Ce travail de médiation numérique ne s’improvise pas et ne se résume donc pas au simple fait d’ouvrir un blog ou une page sur Facebook. La réussite de ces dispositifs suppose un projet éditorial et une (ré) organisation de la bibliothèque. Il s’agit d’organiser une chaîne de publication et de validation des contenus proposés par la bibliothèque, d’intégrer ce travail dans le temps de travail effectif des agents; de revoir les profils de postes, de prévoir un plan de formation professionnelle afin qu’une culture numérique commune existe au sein de l’équipe, permettre aussi l’auto-formation et veiller à avoir un accès non bridé à internet sur les postes des agents …
La bibliothèque s’ouvre à un nouveau type d’usagers - - (Par Stéfan. CC-BY-SA Source : Flickr)
De nouveaux usagers ?
Nous connaissons une transformation majeure de l’espace temps des bibliothèques : à coté de l’espace physique et ses usages territorialisés s’ajoute celui de l’immensité du web et du flux. La bibliothèque s’ouvre à un nouveau type d’usagers : emprunteur ou simple consultant, inscrit ou non inscrit, usager internaute de la bibliothèque hybride ou internaute usager de la bibliothèque en ligne seulement, habitant du territoire physique ou habitant du territoire numérique. Toutes les combinaisons sont possibles. La bibliothèque se doit de proposer autant de parcours.
Une nécessaire mutualisation des contenus à valeurs ajoutées produits par les bibliothèques
Cette production de contenu à valeur ajoutée par des professionnels de l’info-doc est une véritable force à l’heure où beaucoup d’usagers internautes se perdent dans la jungle informationnelle et sont demandeurs de recommandations, de pistes à explorer.
Cette présence web des bibliothèques par la production de contenu ne pourra faire l’économie d’une mutualisation. Seul un média public du type « Le choix des Libraires »permettrait de valoriser ses contenus et en développer une large diffusion sur le web. N’oublions pas que les bibliothèques sont quasi absentes de la médiation culturelle sur internet qui s’organise aujourd’hui autour des vendeurs et des grands médias. Cette mutualisation reste à inventer…
Inventé au japon en 1994, le QR code est sous licence libre depuis 1999 - (Par jory. CC-BY-SA Source : Flickr)-
Voila plusieurs semaines que je réfléchis à la possibilité de mettre des QR codes sur les documents empruntables dans les Médiathèques du Pays de Romans. Pour alimenter ma réflexion, j’ai écrit ce petit mémo. Rien de très nouveau dans le propos. Un état de l’art et quelques éléments de perspective. Juste pour partager.
Qu’est ce qu’un QR code ?
Quick Reponses code, QR code, est un code barre 2D qui prend la forme d’un pictogramme et qui peut être lu par un lecteur dédié ou un smartphone. Il a l’avantage de pouvoir stocker plus d’informations qu’un code à barres traditionnel telles que des URL, un fil rss, du texte, un numéro de téléphone, une adresse courriel, un sms ou encore une vidéo.
Les avantages du QR code sont nombreux. Il est simple à déployer, puisqu’il suffit de l’imprimer. Il s’adapte donc à tout type de supports. Le décodage est rapide même si le code est très dégradé. Il est non- intrusif puisque l’action de décodage est à l’initiative de l’utilisateur. Enfin il est peu onéreux, de nombreux générateurs de QR codes sont disponibles en ligne gratuitement. Il existe même des extensions QR code pour Google Chrome.
L’intérêt principal de ces codes 2D, est qu’ils permettent de créer des passerelles entre des supports tangibles et des contenus numériques. Il suffit de scanner avec son smartphone le code pour être redirigé vers le contenu associé. Très populaire au Japon, ils commencent à se répandre en France. Nous croisons régulièrement des QR codes dans les magazines, sur les affiches et quelques livres papiers. Rappelons l’expérience de l’hyper Livre de Jacques Attali « Le sens des choses » paru en 2009.
En outre, les chiffres d’audience de l’internet mobile en France du quatrième trimestre 2010 dévoilés ces derniers jours par Médiamétrie font ressortir une véritable appropriation de l’internet mobile par les utilisateurs : il y a désormais 15,5 millions de mobinautes en France sur 43,4 millions de personnes équipées de téléphone mobile. En un an, 3,3 millions de Français supplémentaires ont été séduits par la possibilité d’accéder à de nouveaux services et contenus médias à partir de leur téléphone. L’internet mobile n’est plus une histoire de Geeks.
Est-ce une raison suffisante de croire qu’il est temps pour les bibliothèques françaises de s’emparer plus massivement des possibilités offertes par les QR codes ?
Le site mobile d'un bibliothèque canadienne en vitrine - (Par T-Robertson. CC-BY-SA Source : Flickr)
QR code en bibliothèque : documenter la réalité.
Quelques bibliothèques françaises ont tenté l’expérience. Mais il est très difficile de les repérer. J’ai touvé quelques bribes d’informations au détour de commentaires laissés sur des blogs ou sur les réseaux sociaux. Il est regrettable de ne pas avoir une page dédiée à ces expérimentations francophones sur bibliopedia – oui je sais, je n’ai qu’à la créer au lieu de raler ;-). Par contre je vous encourage à consulter cette page du wiki libsucces.org qui référence des expérementations menées dans des bibliothèques essentiellement nord américaines.
Certaines bibliothèques ont fait le pari de faciliter l’usage des services documentaires via ces codes barre 2D. La bibliothèque du Dundee Collège en Grande Bretagne propose des marques pages sur lesquels figurent des QR codes permettant d’aller prolonger en ligne ses prêts ou d’accèder à son compte emprunteur. L’université de Technologie de Sidney propose un guide pour apprendre à utiliser le catalogue. Voir aussi les propositions d’Etienne cavalié sur son blog, notamment une passerelle vers le service de référence Rue des Facs ou encore une incitation à réserver un livre absent des rayons.
Les QR codes sont aussi utilisés pour enrichir le catalogue. Je vous renvoie vers le billet de Silvère Mercier qui décrit l’expérimentation de codes barre 2D au sein des notices du catalogue de la bibliothèque universitaire de Bath.
Documenter « les objets culturels »
Un billet dans lequel Silvère pointe ce qui est à mon avis l’immense potentiel des QR codes, à savoir documenter les « objets culturels » disponibles dans nos bibliothèques. Les possibilités sont infinies. La BFM de Limoges nous donnes des pistes avec cette vidéo publiée sur Youtube. En vrac.
Je parle souvent sur ce blog de la médiation numérique et de l’importance de disséminer les services et les contenus de bibliothèque dans le web social. J’insiste aussi sur l’indispensable ré-impactage de ce travail dans ce qui fait la bibliothèque réelle et tangible. Ce travail d’hybridation est nécessaire pour que les sphères numériques et réelles ne soient pas des espaces clos et hermétiques. La bibliothèque hybride doit être constituée de passerelles entre ces deux sphères. Le réel se révélant dans le numérique et le numérique dans le réel. L’usage des QR codes peut être l’un de ces dispositifs à mettre en oeuvre au sein de la bibliothèque hybride.
Ces pictogrammes sont-ils compréhensibles des usagers ? - (Par cocreatr. BY-SA Source : Flickr)
QR codes : pas si simple que cela !
Malgré sa simplicité d’utilisation et d’implantation le QR code n’est pas sans inconvénient.
L’usager doit être équipé d’un smartphone capable de lire ce genre de code barre. Si ce n’est pas le cas il faudra qu’il installe lui-même un lecteur compatible. Ce genre de manipulation est toujours un frein au développement d’un usage. Un lecteur peut être installé sur un ordinateur équipé d’une webcam et mis à disposition des usagers au sein même de la bibliothèque afin qu’ils puissent accéder aux contenus numériques associés aux documents. Une manière d’ouvrir le service au plus grand nombre.
Nous l’avons vu, créer un flashcode est simplissime. Encore faut il apporter un service et une expérience de qualité à l’utilisateur. Or beaucoup trop de sites de bibliothèque, de catalogues, de blogs ne sont pas adaptés à une lecture mobile. Sans parler des gros risques d’incompatibilité selon le smartphones (flash, video, scripts…). Cohérence et intégration.
Au-delà des questions techniques, les usagers vont-ils adopter ce nouveau service ? Car si les mobinautes sont là, l’utilisation des QR codes est encore marginale en France. L’ annexe de Beaubreuil du réseau des médiathèques de Limoges qui a équipé ces CDs du fonds Limousin de QR codes renvoyant vers les fiches des artistes sur l’e-music box, avoue en commentaire sur mon profil Facebook avoir moins de 5 connexions/mois par le biais de ce dispositif. Un poste dédié, équipé d’une webcam, était à disposition du public au lancement… @lebartok explique ici qu’à la bibliothèque de Saint-Nazaire des QR codes ont été intégrés sur une grille thématique de la discothèque renvoyant vers le site d’un label. Malgré la présence d’un petit mode d’emploi, pas ou peu d’utilisations.
Et si l’année 2011, était celle des puces NFC. Cette technologie est basée sur la transmission en hautes fréquences radio entre 2 puces : une dans le smartphone et une insérée dans le support qui devient ainsi interactif. Les NFC vont être démocratisé en 2011 par Google qui va intégrer la gestion des puces NFC à partir de la version 2.3 d’Android et certainement par Apple qui devrait l’intégrer dans la prochaine version de son iphone. En terme d’usage on ne peut pas faire plus simple. Il suffit d’approcher le téléphone d’une puce pour accéder au contenu.
Alors pourquoi continuer avec les QR codes ? Le nombre des téléphones compatibles ne sera pas conséquent avant 18 à 24 mois. L’implatation est loin d’être aussi simple que le QR Code . Enfin, le coût ne sera pas le même. Et je pense notamment aux petites et moyennes bibliothèques en écrivent cela. L’option QR code est donc loin d’être obsolète. Reste à trouver ses utilisateurs …