Nous sommes tous les ayants droit de « Le vieil homme et la mer » – La veille apprivoisée #15

Cabane de pêcheur à Key West - Par L.Dujol. CC-BY-SA

Sélection hebdomadaire d’informations parues sur le web concernant le monde de l’info-doc et les enjeux du numérique.

Une semaine marquée par l’affaire qui oppose publie.net à Gallimard. Une pluie de réactions, souvent passionnées, d’analyses et de synthèses qui rend quasi impossible de proposer une veille apprivoisée sur ce sujet. Et pourtant, je désire manifester mon soutien à François Bon et à Publie.net.

Cette affaire confirme ce que j’ai mainte fois pointé sur ce blog :

– L’industrie culturelle se contrefiche de la création et du partage.

C’est ce que nous rappelle Hubert Guillaud dans son billet « Nous n’échapperons pas à reposer la question du droit » publié sur La Feuille

Cette histoire (une de plus) me semble emblématique d’une incompréhension de plus en plus aiguë entre la création et le droit, entre le partage et la propriété. Voilà longtemps que le droit d’auteur n’est plus l’héritier de celui qu’avaient inventé les Lumières, mais est devenu le moyen des industries culturelles pour imposer leur loi. Le droit est devenu un rempart – toujours plus haut – pour empêcher la création et le partage. Ce que montre cette histoire, à nouveau, c’est qu’il est plus que temps de mettre à plat les fondements de la création qui peu à peu ont été appropriés par les industries culturelles qui ont imposé un allongement des droits à leur profit et au détriment du partage et de la créativité. Le pire c’est que cette privatisation des biens communs que dénonçait magnifiquement déjà Lawrence Lessig dans Culture Libre ou que prolonge Philippe Aigrain dans son dernier ouvrage  n’est pas terminée, bien au contraire. ACTA est la prochaine pierre angulaire de cette privatisation juridique de la connaissance.

Ou encore Marc jajah en commentaire de ce billet d’ebouquin.

Ce dont est coupable Gallimard n’est donc pas de faire respecter le droit d’auteur (dont personne ne conteste la nécessité); ce dont Gallimard est coupable c’est d’être à la tête d’un catalogue dont la valeur sociale est inestimable et dont ils refusent aujourd’hui d’assurer non seulement la circulation mais la rénovation, c’est-à-dire l’assurance que l’oeuvre circulera bien compte tenu de l’époque dans laquelle elle s’inscrit alors. C’est une faute morale très grave : la maison Gallimard n’est plus à la hauteur des oeuvres dont elle a la charge.

– La défense du droit d’auteur est donc un prétexte. L’industrie culturelle défend un monopole.

 » En clair: Gallimard ne fait pas son boulot, se contentant d’engranger le fric que lui procure la vente de milliers d’exemplaires du Vieil homme et la mer dans la traduction de Jean Dutourd, à un public scolaire peu exigeant. » affirme de manière virulente Laurent Margantin. Ce que confirme Clément Monjou, toujours sur ebouquin :

Les classiques sont une machine à cash dont les éditeurs auront beaucoup de mal à se défaire. Encore plus lorsque l’éditeur dispose d’un monopole (imaginez les dizaines de milliers collégiens qui achètent l’ouvrage chaque année…). Un monopole qui ne tient qu’à un contrat que la traduction de François Bon mettait potentiellement en péril (cf. article sur Actualitté). […] Le droit d’auteur mène parfois à des aberrations qui viennent limiter la diffusion des oeuvres. On s’étonne aussi de la disproportion des acteurs, le géant qui tremble face à la jeune coopérative. Gallimard contre Publie.net, c’est un peu LVMH contre une fabrique de maroquinerie qui aurait, par mégarde, dessiné un sac trop ressemblant à un Vuitton.

Et encore la propriété industrielle est mieux traitée que la propriété intellectuelle. Hubert Guillaud :

Sincèrement, comme le disait Rémi Mathis, président de Wikimédia France sur Twitter : « après 50 ans, Le vieil homme et la mer peut-il encore légitimement appartenir à un ayant droit quand il appartient à l’imaginaire du monde entier ? » La durée d’un brevet, c’est-à-dire d’un titre de propriété industriel, en moyenne, n’est que de 20 ans. Comment peut-il être plus long pour l’art et la création ? De mon vivant, aurais-je le droit de lire une autre traduction de l’oeuvre d’Hemingway que celle de Jean Dutourd ?

Et maintenant ?

Pour Hubert Guillaud « On ne peut en rester aux bonnes intentions sur le fond. Il faut déplacer le débat et le porter sur le terrain du droit, concrètement, et rebatir ce que nous avons laissé aux industries culturelles »

En attendant, des idées et des initiatives pour défendre le droit de création et de diffusion numérique :

– Sauver la traduction inédite de François bon en signant cette pétition.
–  Disséminer sur le réseaux l’édition censurée par Gallimard, comme l’a fait Daniel Bourrion sur son site. « Parce que je pense avec beaucoup d’autres que le patrimoine littéraire mondial n’appartient plus aux ayants-droits d’un auteur décédé depuis 51 ans, ni aux éditeurs qui vivent sur la bête : ce patrimoine nous appartient à nous, nous tous. » nous explique t-il.
– Participer  à l’idée de traductions libres d’oeuvres du domaine public qu’avait lancé Lionel Maurel en Janvier dernier. Une traduction libre de droit de « le Viel homme et la mer » serait notamment possible au Québec.

Plus simplement, achetons les livres proposés par publie.net.

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Les bibliothèques numériques dans les nuages sont-elles compatibles avec les missions de lecture publique ? La veille apprivoisée #13

Qu’adviendrait-il si nous n’avions plus le choix ? - Par L.Dujol. CC-BY-SA

Sélection hebdomadaire d’informations parues sur le web concernant le monde de l’info-doc et les enjeux du numérique.

– Les dangers du livre électronique, par Richard Stallman – Framablog

Lors d’une table ronde sur le droit d’auteur Richard Stallman a expliqué que la façon dont les livres numériques sont vendus aujourd’hui par les principaux fournisseurs, présentent un risque majeur de confidentialité que les livres physiques ne posent pas. Les systèmes d’identification et de traçabilité, les DRM ou encore les formats propriétaires sont des atteintes aux libertés d’usages des lecteurs.

Un seul de ces abus fait des livres électroniques une régression par rapport aux livres imprimés. Nous devons rejeter les e-books qui portent atteinte à nos libertés.

les entreprises qui les commercialisent prétendent qu’il est nécessaire d’empiéter sur nos libertés afin de continuer à rémunérer les auteurs. Le système actuel du copyright rétribue généreusement ces entreprises, et chichement la grande majorité des auteurs. Nous pouvons soutenir plus efficacement les auteurs par des biais qui ne requièrent pas que l’on porte atteinte à notre liberté, et même légaliser le partage. […]

Les livres électroniques n’attaquent pas systématiquement notre liberté (ceux du Projet Gutenberg la respectent), mais ce sera le cas si nous laissons toute latitude aux entreprises. Il est de notre devoir de les en empêcher.

Paranoïaque Stallman ? Le journaliste Jean Marc Manach nous fait part du message d’un éditeur accompagnant l’envoi de la version numérique d’un livre qu’il vient d’éditer :

Ces fichiers sont tatoués. Grâce à cette mesure de protection plus « souple », vous pouvez les transmettre sur une autre adresse mail, mais vous ne pouvez pas les transmettre via internet : un système intégré permet de retrouver la personne qui dépose de tels fichiers sur Internet.

Je vous encourage à lire sa réponse. Il cite notamment la nouvelle de Stallman, « Le droit de lire » publiée en 1997, dans laquelle il explique « ce pour quoi il est dangereux de vouloir surveiller ceux qui lisent. » Manach conclut :

Les éditeurs qui veulent surveiller ceux qui lisent leurs livres se tirent une balle dans le pied. D’une part parce qu’ils n’empêcheront jamais un livre d’être lisible par les abonnés de telle ou telle bibliothèque publique -sans qu’ils l’aient pourtant acheté-, mais également parce qu’il leur sera impossible d’empêcher ceux qui auront acheter leurs e-books de les revendre (ou partager) en « occasion » (ce qui ne semble pas leur poser problème pour ce qui est des livres papiers), d’autre part parce que cela ouvre la voie à un contrôle social (et politique) indigne de nos démocraties.

Les bibliothèques publiques sont évoquées. Une alternative vitale ?

Menaces sur les prêts numériques – Threats to Digital Lending – American librairies

Overdrive, la plateforme de prêt d’ebooks pour bibliothèque,  a publié des chiffres impressionnant pour l’année 2011. 35 millions de titres ont été empruntés et certains sont si populaires que 17 millions de titres sont encore en attente de prêt. L’ accord avec Amazon à séduit les bibliothèques nord américaines.  Selon le site Actualitté, « de 11.000 établissements, OverDrive est passé à 18.000, soit près de 36 % de clients en plus. Et ce, uniquement à mettre sur le compte d’une offre de livres numériques plus importante, dans un format qui convient au lecteur ebook le plus en vogue du pays, »  à savoir le KindleDifficile de ne pas progresser lorsque l’on est la seule plateforme du marché à proposer le catalogue Amazon.

Faut il y voir un signe de bonne santé pour le prêt numérique en bibliothèque publique ? Carrie Russell ne le pense pas  et parle même d’une menace sur les prêts numériques.

S’agissant d’une location d’un droit d’accès, les bibliothèques ne possèdent en aucun cas les livres numériques prêtés les rendant ainsi dépendantes du bon vouloir des éditeurs qui peuvent du jour au lendemain décider de retirer du prêt des titres de leur catalogue. Sans parler des DRM qui limitent les libertés d’usages et rendent inéquitable le prêt de livres numériques.

La bibliothécaire américaine se demande si finalement les bibliothèques ne jettent-elles pas l’argent public par les fenêtres. Des propos qui font écho à ceux de Sarah Houghton dans cette entrevue vidéo «  »Digital rights or your rights ? ».  Cette liberté de lire et d’usages de  nos abonnés n’est pas nécessairement compatible avec ces services de prêt numérique proposés par des prestataires privés et financés par de l’argent public. Pour mémoire cette autre vidéo de Sarah Houghton  déjà évoquée ici :

Overdrive a essentiellement permis à Amazon de vendre leurs livres sur le Kindle de nos abonnés. Et ce sont les bibliothèques et l’argent public qui lui ait alloué qui paient pour ce privilège. Et qu’en est-il de la confidentialité des données de nos usagers utilisateurs ? Overdrive n’a pas jugé bon de s’expliquer.

Est-ce véritablement l’alternative que nous voulons offrir à nos usagers ? A vouloir absolument proposer une offre de prêt de livres numériques nous nous éloignons peut-être de l’essentiel d’un service de lecture publique : offrir de manière équitable et pérenne un accès au plus grand nombre aux ressources numériques.  Et ne croyez pas que cette histoire  ne concerne que l’Amérique du Nord. 

Heureusement il y a des éditeurs, pure player bien souvent, qui jouent le jeu. Je pense à NumérikLivres ou encore à Publie.net. Accompagnons-les. En passant, François Bon en commentaire de ce billet d’Antoine Fauchié nous interpelle :

Je ne comprends pas (je pèse mes mots) la timidité des bibs : le streaming est viable à condition d’être associé à l’accès à distance (voir Champs Libres à Rennes, ou bibs publiques de Montréal) – alors la lecture streaming n’est pas réservée aux postes de la bib, mais est autorisée à tous les usagers connectés via leur identifiant lecteur, où qu’ils soient, et sur leurs propres appareils. La vocation de publie.net c’est la découverte, l’incitation, l’écoute offerte aux nouveaux auteurs – en ce sens, le streaming c’est un outil fabuleux, du point de vue même du contenu »

La Bibliothèque comme tiers-archiveur des e-bibliothèques personnelles ? – 071625348

Il y a deux ans Amazon supprimait sans préavis des Kindles de ses clients les versions numériques de deux classiques de George Orwell, « 1984 » et « La Ferme des animaux ».  Les possesseurs de ses Kindles pensaient posséder ses livres numériques, il n’en était rien. Le discours de Stallman refait surface. Et si les bilbiothèques publiques jouaient ce rôle de tiers de confiance ? Une idée émise sur le blog « 071625348 » :

Sachant que le marché des ebooks décolle ; l’ebook est une chose bien volatile : en tant que fichier (ça se perd , ça se périme, ça perd ses métadonnées…) ; en tant que droit (je peux aller le re-chercher chez le vendeur… tant qu’il existe, tant que les conditions n’ont pas changé…) ; le besoin de constituer et transmettre une bibliothèque est un besoin durable ; nous, possesseurs d’ebooks, avons besoin d’archiver nos e-bibliothèques chez un tiers-archiveur, de confiance, promis à durer ;  nous, bibliothèques publiques (Etat, universités, collectivités locales) avons la mission de durer, ne serait-ce que pour conserver du papier.

Il devrait donc être tentant pour les bibliothèques de se positionner en tant qu’archiveur des bibliothèques numériques personnelles, en mettant en avant notre capital de confiance, notre pérennité, notre capital de compétence en matière de gestion des livres (pour le dire vite).

Cela va sans dire des difficultés juridiques et techniques que pose un tel dispositif. Et pourtant l’idée d’une bibliothèque publique tiers-archiveur comme alternative à l’Amazon Cloud Drive séduit la communauté des bibliothécaires. Et pourtant une idée qui laisse sceptique certains lecteurs numériques, à l’image d’Hubet Guillaud en commentaire sur mon profil FaceBook :

Mmm. C’est vraiment une idée de bibliothécaire ça. J’ai pas vraiment envie qu’en plus des industriels qui savent ce que je lis, que ma ville me propose un coffre-fort numérique que je n’ai jamais demandé. Cette vision de la conservation, un peu comme celle que défend Moix, me semble vraiment sans intérêt.

Nos envies de bibliothécaires sont-elles compatibles avec celles de nos usagers ?

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Le livre numérique en bibliothèque, 2012 l’année de tous les dangers ? – La veille apprivoisée #10

A vendre - Par L.Dujol. CC-BY-SA

Sélection hebdomadaire d’informations parues sur le web concernant le monde de l’info-doc et les enjeux du numérique.

Une semaine où il fut beaucoup question du livre numérique.

Pour une définition du livre numérique -Le tiers livre

Dans ce billet remarquable, François Bon nous donne sa définition du livre numérique en posant comme axiome de départ : « on n’a pas besoin de définition du livre numérique pour le lire. »

Un livre numérique est  » un frag­ment re­cons­truit, fermé sans fron­tière, d’une base de don­nées pour le­quel on a pro­po­sé un sys­tème spé­ci­fique de na­vi­ga­tion com­plexe, ré­ser­vé à son conte­nu, mais en pro­po­sant une cir­cu­la­tions per­met­tant de s’en ap­pro­prier le conte­nu ca­pable de se sé­pa­rer du site source, et de se consti­tuer comme re­la­tion in­time et in­di­vi­duée avec le lec­teur qui l’a trans­por­té dans son propre éco­sys­tème d’usage »

Une définition qu’il propose sur la « base de préliminaires » qu’il développe dans ce texte, « touchant le web, la validation symbolique, et  l’appropriation des outils à lire« . Et de conclure par « Voilà ce pourquoi le livre numérique existe, et qu’on y travaille avec du bonheur. »

Le livre numérique, 2012 une année charnière ? – Bibliobsession.

À l’heure du prêt de livres numériques, quel rôle pour les bibliothèques, face aux puissants libraires en ligne comme Amazon ? Une question que pose avec beaucoup de justesse Silvère Mercier.

D’autant plus que les éditeurs persistent à penser « qu’un livre emprunté dans une bibliothèque est soit disant un livre qui n’est pas acheté. » Un argument qui tient plus du fantasme que d’une réalité comme le confirme Marc Jajah dans ce billet

« Contrairement à ce qu’on croit en effet trop souvent un livre numérique prêté « gratuitement » s’achète…et pas qu’une fois ! La logique est en effet implacable : comme dans une bibliothèque classique, il faut suffisamment d’exemplaires pour que plusieurs lecteurs puissent accéder au même livre; sinon, ils attendent leur tour, après réservation du titre. L’idée selon laquelle le prêt de livres numériques cannibaliserait les ventes de livres est donc fausse, et d’autant plus que le prix du livre numérique destiné au prêt n’a pas cessé d’augmenter.« 

A se demander si les grands éditeurs n’auraient pas la volonté de tuer le prêt de livre numérique  comme le souligne ici  Glyn Moody – article en anglais.

« D’un coté, les « petits » éditeurs innovants qui sont prêts à s’adapter et à récolter les bénéfices de leur volonté de répondre à la demande croissante en livres numériques des bibliothèques publiques par un effet d’entrainement sur leurs ventes. Et de l’autre, les « gros » éditeurs sclérosés et qui résistent à essayer de nouveaux modèles économiques, préférant rendre le prêt de livres numériques le plus inconfortable possible dans le vain espoir que les lecteurs préféreront acheter plutôt qu’emprunter.  » 

Ne pas prendre au sérieux le numérique risque de bien être un péchè mortel pour ces éditeurs :

« Tout ce qui touchait à l’électronique pure était perçu comme relevant du « gadget. Quand il a commencé à émerger, le numérique n’a pas été pris au sérieux par les responsables de l’entreprise. Aux yeux de ses dirigeants, Kodak semblait insubmersible. Ils ont sans doute péché par orgueil, persuadés que l’entreprise réussirait à imposer dans la durée sa vision de l’image ». 

Toute ressemblance avec des éditeurs hexagonaux existant ou ayant existé serait fortuite et indépendante de la volonté de l’auteur…

Ce même Laurent Margatin interroge aussi les auteurs :

« La question que je me pose aujourd’hui est donc celle-ci: en quoi ces écrivains refusant le net comme espace d’écriture et de publication écrivent-ils désormais des oeuvres qui sont, d’une certaine manière, déjà mortes, faute d’être engagées dans cette mutation énorme du rapport au réel – et par conséquent à notre imaginaire – que nous sommes en train de vivre ? »

Silvère Mercier continue sa réflexion dans le billet cité plus haut. Puisque « les bibliothèques ne sont pas perçues et reconnues comme nécessaires pour accéder à des livres numériques » et sans le soutien des pouvoirs publics nous « risquons fort de subir la loi du marché et plus précisément d’accepter qu’un tiers comme Amazon se positionne à ses conditions entre les éditeurs et les bibliothèques » à l’image de l’alliance Overdrive/Amazon aux Etats Unis. Jean Michel Salaün s’interroge :

« La mission des bibliothèques est de retirer les contenus des contraintes commerciales pour les proposer au public. Il est donc contradictoire pour elles qu’un prêt se conclut par une offre commerciale exclusive. Mais les bibliothèques francophones, même en consortium, ne pèsent pas lourd vis-à-vis des stratégies des Big Five. Aussi la seule voie pour préserver le service public de la lecture semble la voie légale ou réglementaire. »

Et Silvère de poser l’enjeu principal :

« Faut-il plutôt promouvoir des offres de prêt de livres numériques propres aux bibliothèques comme c’est déjà le cas, au risque d’avoir une visibilité très faible dans un marché qui sera dominé par des écosystèmes propriétaires couplant catalogues de contenus et objets nomades. On peut légitimement penser que dans quelques années, ne pas être dans l’Appstore ou dans le catalogue d’Amazon ou celui de Google sera équivalent à une disparition de la surface lisible du web pour les éditeurs comme pour les bibliothécaires et le service de prêt ou de médiation qu’ils prétendent fournir. »

– Le livre numérique et sa médiation en bibliothèque : Lire nous ouvre de nouvelles voies neuronales – Idboox

Changez le mot éditeur par bibliothécaire et vous aurez la clef du mystère :

La capacité offerte par des appareils comme des readers, des smartphones et des tablettes à tenir dans une main une bibliothèque entière est une formidable opportunité. Comme éditeurs, nous devons utiliser chaque nouvelle technologie pour développer la lecture dans notre culture. Nous devrions nous concentrer sur le message et non rejeter la technologie. Nous devrions être agnostiques sur la plate-forme et évangéliques sur le contenu.

– Le livre numérique du point de vue du lecteur : Sociale la lecture ? – Hubert Guillaud.

En septembre dernier, le Cléo organisait sa deuxième université d’été de l’édition électronique ouverte.  Hubert Guillaud y a donné un cours intitulé « Sociale la lecture » dont l’enregistrement vidéo est disponible ici. A voir +++

La lecture de demain sera éminemment sociale prédit Bob Stein. Qu’est-ce que la lecture sociale ? En quoi est-elle importante ? Que peut-on faire pour la développer ? En parcourant quelques outils du web social (Librarything, GoodReads, RethinkBooks…)

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La veille apprivoisée #3

Binoculars - Par bencarr. CC-BY-SA Source : Flickr

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– Comprendre ce que la lecture sociale impacte – La feuille

Une excellente synthése de la réflexion que mène Marc Jahjah aka SoBookOnline sur la lecture sociale : la valeur de nos annotations ? Qu’échangeons-nous vraiment au-delà de nos lectures : une critique ou une vente potentielle ? Dans ces conditions d’industrialisation de ce que nous partageons comment construire la liberté du lecteur ?

– Livre numérique: on est en train de se planter royalement ! – Jean François Gayrard (Facebook)

‎ »Les gens lisent de moins en moins. Le prix du livre papier est de plus en plus élevé. Il y a une opportunité avec le numérique de faire circuler des textes plus facilement avec des coûts de production beaucoup plus réduits, mais non on continue à sacraliser le livre, à la présenter comme un produit de luxe même dans sa version numérique en faisant payer le prix fort. Et pendant ce temps-là, 300 millions de personnes ont téléchargé Angry Birds mais certainement pas 300 millions de fichiers PDF à 16€ avec des DRM … »

– Quel modèle économique pour le livre numérique ? – ParisTech Review

‎ »En extrapolant, on pourrait dire que le livre, se dématérialisant, tend à devenir un service, plutôt qu’un bien. C’était un objet, il est en passe de devenir un flux, échappant toujours plus à la prise de ceux qui le produisent, au profit de ceux qui le font circuler. Ce n’est pas seulement le marché qui évolue, c’est l’idée même du livre qui est en train de se transformer. » Un bon article pour comprendre l’histoire du livre numérique…

– Les bibliothèques publiques peuvent-elles être freemium de l’édition numérique ? – Bibliobsession

« Et si les bibliothèques étaient l’une des voies “free” d’une édition qui donne accès à des contenus en freemium? Sans s’encombrer des actuels DRM chronodégradables attachés à un fichier, pourquoi ne pas considérer, comme cela est déjà le cas depuis vingt ans pour des contenus académiques, que ce qui est loué par la bibliothèque pour ses usagers c’est un accès et des services? »

 Le portail documentaire : les pré-requis – Davidolib

Une présentation de David Olievero faite lors du stage « Le portail documentaire : du projet à la réalisation » organisé par Mediat Rhône-Alpes. Tout y est : les aspects stratégiques, organisationnels, communicationnels, la légitimé du projet, débrouillabilité et appropriation des outils… A visionner +++

– As a Revolution Takes Root, a Library Grows – Library journal

Quand une révolution prend racine, une bibliothèque pousse … celle des indignés de Wall Street.

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