Inventé au japon en 1994, le QR code est sous licence libre depuis 1999 - (Par jory. CC-BY-SA Source : Flickr)-

Voila plusieurs semaines que je réfléchis à la possibilité de mettre des QR codes sur les documents empruntables dans les Médiathèques du Pays de Romans. Pour alimenter ma réflexion,  j’ai écrit ce petit mémo. Rien de très nouveau dans le propos. Un état de l’art et quelques éléments de perspective. Juste pour partager.

Qu’est ce qu’un QR code ?

Quick Reponses code, QR code, est un code barre 2D qui prend la forme d’un pictogramme et qui peut être lu par un lecteur dédié  ou un smartphone. Il a l’avantage de pouvoir stocker plus d’informations qu’un code à barres traditionnel telles que des URL,  un fil rss, du texte, un numéro de téléphone, une adresse courriel, un sms ou encore une vidéo.

Les avantages du QR code sont nombreux. Il est simple à déployer, puisqu’il suffit de l’imprimer. Il s’adapte donc à tout type de supports. Le décodage est rapide même si le code est très dégradé. Il est non- intrusif puisque l’action de décodage est à l’initiative de l’utilisateur. Enfin il est peu onéreux, de nombreux générateurs de QR codes sont disponibles en ligne gratuitement. Il existe même des extensions QR code pour Google Chrome.

L’intérêt principal de ces codes 2D, est qu’ils permettent de créer des passerelles entre des supports tangibles et des contenus numériques. Il suffit de scanner avec son smartphone le code pour être redirigé vers le contenu associé. Très populaire au Japon, ils commencent à se répandre en France. Nous croisons régulièrement des QR codes dans les magazines, sur les affiches et quelques livres papiers. Rappelons l’expérience de l’hyper Livre de Jacques Attali « Le sens des choses » paru en 2009.

En outre, les chiffres d’audience de l’internet mobile en France du quatrième trimestre 2010 dévoilés ces derniers jours par Médiamétrie font ressortir une véritable appropriation de l’internet mobile par les utilisateurs : il y a désormais 15,5 millions de mobinautes en France sur 43,4 millions de personnes équipées de téléphone mobile. En un an, 3,3 millions de Français supplémentaires ont été séduits par la possibilité d’accéder à de nouveaux services et contenus médias à partir de leur téléphone. L’internet mobile n’est plus une histoire de Geeks.
Est-ce une raison suffisante de croire qu’il est temps pour les bibliothèques françaises de s’emparer plus massivement des possibilités offertes par les QR codes ?

 

Le site mobile d'un bibliothèque canadienne en vitrine - (Par T-Robertson. CC-BY-SA Source : Flickr)

QR code en bibliothèque : documenter la réalité.

Quelques bibliothèques françaises ont tenté l’expérience. Mais il est très difficile de les repérer. J’ai touvé quelques bribes d’informations au détour de commentaires laissés sur des blogs ou sur les réseaux sociaux. Il est regrettable de ne pas avoir une page dédiée à ces expérimentations francophones sur bibliopedia – oui je sais, je n’ai qu’à la créer au lieu de raler ;-).  Par contre je vous encourage à consulter cette page du wiki libsucces.org qui référence des expérementations menées dans des bibliothèques essentiellement nord américaines.

[MAJ] : lire l’expérimentation de la Bibliothèque municipale de Toulouse sur le blog de Michel Fauchié.

Disséminer des informations pratiques

Le premier de ces usages est de donner accès à des informations d’ordre pratique :   les heures d’ouverture, les informations de contact de la bibliothèque ou des bibliothécaires, l’adresse du site de la bibliothèque… Vous aurez remarqué que ces codes peuvent aussi bien être lus sur un écran que sur un support papier. D’autres les utilisent pour offrir une visite virtuelle de la bibliothèque. Ainsi la BU de la Brigham Young University  propose un « audio tour » de la bibliothèque en ayant disséminé des QR codes à tous les étages du bâtiment. Ou encore la Lawrence University Seeley G. Mudd Library dont les pictogrammes renvoient vers un guide d’orientation en ligne. Plus original, ce jeu de piste élaboré par la Lafayette College Library pour apprendre aux étudiants de première année à bien utiliser le service.
Thomas Chaimbault signale sur son blog l’initiative de la Barton College Library qui a créé un tutoriel vidéo expliquant l’utilisation de la photocopieuse via un QR code collé sur l’appareil. Enfin, la possibilité de réserver une salle de travail en scannant le code placardé sur la porte de celle-ci dans la George Fox University Library.

Disséminer les usages documentaires

Certaines bibliothèques ont fait le pari de faciliter l’usage des services documentaires via ces codes barre 2D. La bibliothèque du Dundee Collège en Grande Bretagne propose des marques pages sur lesquels figurent des QR codes permettant d’aller prolonger en ligne ses prêts ou d’accèder à son compte emprunteur. L’université de Technologie de Sidney propose un guide pour apprendre à utiliser le catalogue. Voir aussi les propositions d’Etienne cavalié sur son blog, notamment une passerelle vers le service de référence Rue des Facs ou encore une incitation à réserver un livre absent des rayons.
Les QR codes sont aussi utilisés pour enrichir le catalogue. Je vous renvoie vers le billet de Silvère Mercier qui décrit l’expérimentation de codes barre 2D  au sein des notices du catalogue de la bibliothèque universitaire de Bath.

Documenter « les objets culturels »

Un billet dans lequel Silvère pointe ce qui est à mon avis l’immense potentiel des QR codes, à savoir documenter les « objets culturels » disponibles dans nos bibliothèques. Les possibilités sont infinies. La BFM de Limoges nous donnes des pistes avec cette vidéo publiée sur Youtube. En vrac.

Relier les documents aux avis des bibliothécaires publiés sur un blog  ou ceux de lecteurs vers Babelio ou LibraryThing. Relier les documents vers des extraits musicaux, des bandes annonces, des discographies ou filmographies. Relier un essai vers une conférence en ligne de l’auteur. Renvoi vers la bibliographie dans lequel figure ce livre –je pense notamment aux bibliographies commentées que nous réalisons à Romans sur Isère. Renvoi aux nouveautés d’un genre via un QR code collé sur le rayonnage. Complément d’informations sur les œuvres dans le cadre d’une exposition, les relier à une vidéo, à un catalogue d’exposition … Relier des livres, des journaux à leur version numérique…

Je parle souvent sur ce blog de la médiation numérique et de l’importance de disséminer les services et les contenus de bibliothèque dans le web social. J’insiste aussi sur l’indispensable ré-impactage de ce travail dans ce qui fait la bibliothèque réelle et tangible. Ce travail d’hybridation est nécessaire pour que les sphères numériques et réelles ne soient pas des espaces clos et hermétiques. La bibliothèque hybride doit être constituée de passerelles entre ces deux sphères. Le réel se révélant dans le numérique et le numérique dans le réel.  L’usage des QR codes peut être l’un de ces dispositifs à mettre en oeuvre au sein de la bibliothèque hybride.

Ces pictogrammes sont-ils compréhensibles des usagers ? - (Par cocreatr. BY-SA Source : Flickr)

QR codes : pas si simple que cela !

Malgré sa simplicité d’utilisation et d’implantation le QR code n’est pas sans inconvénient.

L’usager doit être équipé d’un smartphone capable de lire ce genre de code barre. Si ce n’est pas le cas il faudra qu’il installe lui-même un lecteur compatible. Ce genre de manipulation est toujours un frein au développement d’un usage. Un lecteur peut être installé sur un ordinateur équipé d’une webcam et mis à disposition des usagers au sein même de la bibliothèque afin qu’ils puissent accéder aux contenus numériques associés aux documents. Une manière d’ouvrir le service au plus grand nombre.

Nous l’avons vu, créer un flashcode est simplissime. Encore faut il apporter un service et une expérience de qualité à l’utilisateur. Or beaucoup trop de sites de bibliothèque, de catalogues, de blogs  ne sont pas adaptés à une lecture mobile. Sans parler des gros risques d’incompatibilité selon le smartphones (flash, video, scripts…). Cohérence et intégration.

Au-delà des questions techniques, les usagers vont-ils adopter ce nouveau service ? Car si les mobinautes sont là, l’utilisation des QR codes est encore marginale en France. L’ annexe de Beaubreuil du réseau des médiathèques de Limoges qui a équipé ces CDs du fonds Limousin de QR codes renvoyant vers les fiches des artistes sur l’e-music box, avoue en commentaire sur mon profil Facebook avoir moins de 5 connexions/mois par le biais de ce dispositif. Un poste dédié, équipé d’une webcam, était à disposition du public au lancement… @lebartok explique ici qu’à la bibliothèque de Saint-Nazaire des QR codes ont été intégrés sur une grille thématique de la discothèque renvoyant vers le site d’un label. Malgré la présence d’un petit mode d’emploi, pas ou peu d’utilisations.

Je rejoins l’analyse d’Hubert Guillaud qui explique sur Internet Actu que si ces pictogrammes sont compréhensibles par un logiciel, ils demeurent incompréhensibles des humains. Ce genre de service ne peut donc se faire sans un accompagnement des usagers et des bibliothécaires. Encore une fois, une technologie ne génère pas de génération spontanée d’utilisateurs.

Le NFC arrive. Bye bye les QR codes ?

Et si l’année 2011, était celle des puces NFC. Cette technologie est basée sur la transmission en hautes fréquences radio entre 2 puces : une dans le smartphone et une insérée dans le support qui devient ainsi interactif. Les NFC vont être démocratisé en 2011 par Google qui va intégrer la gestion des puces NFC à partir de la version 2.3 d’Android et certainement par Apple qui devrait l’intégrer dans la prochaine version de son iphone. En terme d’usage on ne peut pas faire plus simple. Il suffit d’approcher le téléphone d’une puce pour accéder au contenu.

Alors pourquoi continuer avec les QR codes ? Le nombre des  téléphones compatibles ne sera pas conséquent avant 18 à 24 mois. L’implatation est loin d’être aussi simple que le QR Code . Enfin, le coût ne sera pas le même. Et je pense notamment aux petites et moyennes bibliothèques en écrivent cela. L’option QR code est donc loin d’être obsolète.  Reste à trouver ses utilisateurs …

14 commentaires sur « Des documents, des contenus, des machines, des hommes et des QR codes »

  1. C’est exactement le billet que je voulais faire. Du moins l’esprit, parce que tu en parles bien mieux que ce que j’aurais espéré. Une synthèse pertinente et critique sur l’usage des QR Codes.

    Bravo et merci 🙂

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  2. @Thomas > Je dois quand même avouer que tu es à l’origine de ce billet. C’est en lisant ton blog que m’est venu l’idée de l’écrire. Merci surtout à toi !

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  3. Savez-vous s’il est possible, en installant un logiciel de lecture compatible, de lire des QR codes à partir d’une tablette numérique wifi équipée d’une webcam et qui accepte le flash ? Je pense qu’il y a beaucoup d’usagers qui seraient preneurs. Je vais essayer…

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  4. Ping: Veille Antic

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