Je ne peux que vous encourager à lire ce mémoire principal de Littératures françaises, Monde du livre soutenu par Claire Oggioni à l’Université de Provence d’Aix en Provence. Nous avions longuement échangé lors de ses recherches.

Son auteur présente son travail : « Ce mémoire de recherche s’appuie à démontrer ce que le Web 2.0 contribue à changer dans la relation des bibliothèques et des bibliothécaires à leurs usagers. « L’usager au cœur des « bibliothèques 2.0″ : Analyse interdisciplinaire d’une mutation en cours » est donc une analyse ciblée de la révolution en cours dans les bibliothèques ! »

La troisième partie de ce mémoire intitulée « L’usager acteur de la bibliothèque 2.0 » est à lire absolument si l’on veut se mettre à jour sur ces problématiques. C’est à lire ici

bib20

Voici un extrait de sa conclusion :

Les internautes ont gagné le pouvoir d’agir sur le Web grâce à de nouveaux outils techniques, dont les usages se sont généralisés, et dont les effets sur l’intelligence n’ont pas fini d’être étudiés. Un rejet général des autorités intellectuelles, ainsi que des intermédiaires médiatiques donne aux usagers à la fois l’exigence d’être servi au mieux en tant qu’ individu et l’envie de participer et de construire ensemble de nouveaux projets. Les usagers des bibliothèques s’attendent à être servis, mais sont également prêts à partager, à participer et à collaborer avec les professionnels des bibliothèques.

Pour cela, les bibliothécaires doivent avoir compris ces nouvelles attentes, non seulement pour répondre au besoin des « digital natives », au besoin des usagers- internautes, mais également pour répondre aux besoins de la société : la bibliothèque se déterritorialise et expérimente de nouveaux espaces dont les règles sont différentes, mais dont l’influence sur les usages territorialisés de l’espace physique est majeure. Une prise de conscience donc, mais également un nouvel état d’esprit : être prêt à servir les usagers au mieux plutôt que de concentrer d’abord ses efforts sur la gestion d’une collection pour ensuite la rendre accessible et attrayante, être prêt à partager un pouvoir (celui de construire le patrimoine, de le mettre en valeur, de créer de nouveaux services, de devenir conseiller…) La notion de médiation se rééquilibre donc dans une nouvelle démarche professionnelle orientée-usager qui ne se focalise plus sur la manière d’amener l’usager vers des collections acquises sur des critères de qualité, qui ne discrimine plus l’intelligence et les contenus que peuvent apporter les usagers, mais qui permet une meilleure communication entre usagers et bibliothécaires, ainsi que la rencontre entre une offre et une demande.

Petit bémol sur ce dernier point. La médiation se doit de proposer de nouvelles orientations, de nouveaux parcours au sein des collections acquises sur des critères de qualité – j’insiste sur ce qualificatif – élaborés en collaboration avec les usagers. Une co-construction des parcours et des contenus. C’est ce que développe par la suite Claire Oggioni.

Ceci en développant de nouvelles compétences qui permettent à la bibliothèque de ne plus seulement proposer des services documentaires, mais également des services non-documentaires culturels, éducatifs et sociaux qui soient au centre des attentes des usagers. Comment ? Par sa participation, sa collaboration et parfois en co-créant de nouveaux services et contenus qui peuvent être profitables à tous !

Et parmi ces nouvelles compétences, l’animation de communautés d’intérêt ! A quand un community manager dans l’organigramme des bibliothèques 😉

L’expression « Web 2.0 », d’ouvrir la porte d’une réflexion professionnelle collaborative qui concerne tous les aspects du métier : la place de l’usager, la fonction d’une bibliothèque, les compétences attendues du bibliothécaire. Mais pas seulement. Car de nombreuses bibliothèques se déclarent aujourd’hui « 2.0 » : certaines parce qu’elles ont expérimenté l’usage des « outils 2.0 » dans leurs pratiques professionnelles, d’autres parce qu’elles expérimentent un nouveau modèle de bibliothèque, dont la médiation numérique est devenu une des missions essentielles. Quel est leur point commun ? Elles ont toutes commencé une transformation qui les place dans une nouvelle situation spatiotemporelle : les « bibliothèques 2.0 » s’ouvrent aux usagers, aux usagers-internautes et aux internautes du monde entier, donnent la parole aux usagers, leur permettent d’agir et s’ouvrent à l’expérimentation permanente, à la mise à jour collaborative.

Se débarrasser de la culture de la perfection et ouvrir les portes de l’expérimentation afin d’occuper au mieux la nouvelle frontière de l’info-doc … les territoires numériques !

Ce qui suit est le cœur des défis que nous devons relever :


Le bibliothécaire devient donc un élément essentiel du changement
: la bibliothèque s’humanise et les bibliothécaires doivent devenir des accompagnateurs personnalisés, des animateurs et des gestionnaires de projets : mais aussi des experts techniques qui savent jouer des effets de réseau, des sociabilités autour du livre et de l’audience marketing nécessaire à leur présence sur le Web, un nouvel espace dont les règles sont à apprivoiser, pour mieux concurrencer la puissance dangereuse des sociétés à l’origine de nombreux « services 2.0 », et ainsi proposer autre chose. C’est là que les bibliothécaires peuvent mettre en valeur la plus-value de leur expérience professionnelle dans le tri, la sélection et la mise en valeur des collections, mais aussi tout simplement de l’information : dans un espace qui corresponde au lieu social et convivial attendu par les usagers. Les nouveaux services développés par les bibliothèques, qu’ils soient « 2.0 » (blogs, cartes collaboratives, portails de veille, widgets de recherche, recommandations des usagers…) ou pas (services de question-réponse, lettres d’information et contenus créés par les bibliothécaires…) permettent de mettre l’usager au cœur, non seulement des préoccupations des bibliothécaires, mais surtout du fonctionnement même des bibliothèques. La « bibliothèque 2.0 », si elle est déjà publique parce qu’elle est ouverte au public, a vocation de devenir publique, parce qu’elle sera au service des publics, collaborera avec les publics et même sera construite par les publics.

Le web n’est en rien un concurrent embarrassant et traumatisant. Ce média est une chance pour réaffirmer l’expertise des professionnels de l’info-doc dans l’accompagnement de l’internaute usager au sein de la jungle informationnelle. Et cela sera d’autant plus vrai si la bibliothèque accepte de ne plus miser seulement sur son identité numérique institutionnelle mais aussi sur son incarnation en ligne via des personnes ressources. Regardons du côté de Lille et des Geemiks !

L’usager ne doit pas cependant devenir « roi », ni les professionnels devenir de simples « prestataires de services », ils ne doivent pas abandonner les savoirs et savoirs-faires qu’ils ont développés au cours des siècles : la société en a plus que besoin face aux nouveaux enjeux de la surinformation (et de la « mal-bouffe » informationnelle) et les problématiques de mémoire et de conservation sont plus que jamais d’actualité…

La « bibliothèque 2.0 » n’en est qu’à ses débuts, il se peut qu’elle change de nom en cours de route… Mais la « bibliothèque 2.0 » est une mutation en marche qui place la bibliothèque comme carrefour des savoirs, dans lequel tous peuvent amener leur pierre à l’édifice, car chaque personne est experte, critique, ou artiste et peut contribuer à un savoir collectif, en constant mouvement : un savoir qui ressemble de plus en plus à la réalité sociale et cognitive des individus… Il existe un juste milieu entre refus du changement et déterminisme technique : il suffit de s’ouvrir, proposer, créer, échanger… vivre !

Et qu’on se le dise ….

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4 commentaires sur « A lire « L’usager au coeur des bibliothèques 2.0 » par Claire Oggioni »

  1. Bonjour.

    Je tempère votre enthousisasme au sujet de ce travail qui, à mes yeux, n’a aucun intérêt. Il s’agit d’une suite de banalités, d’assertions sans argumentation solide et d’énoncés performatifs. Le sujet (si tant est qu’il soit pertinent) n’est pas problématisé. On a affaire à un texte de propagande plutôt qu’à une étude. De surcroît, c’est écrit avec les pieds (cf. cette perle : « une mutation en marche » – et ce n’est qu’un exemple).

    Floreal

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  2. Vous avez raison : je suis sévère. Mais pour « élever le débat », il faudrait avoir l’espace et le temps de faire une vraie critique, c’est-à-dire reprendre « l’étude » en question, au moins dans les grandes lignes, et démontrer son impertinence (au sens premier du terme). Sur un blog, c’est hors de propos. Vous êtes mal placé pour m’en faire le reproche : votre éloge non plus n’enrichit pas le débat. Une critique lapidaire vaut bien un panégyrique gratuit.
    Je vais même plus loin : la critique d’un tel travail est-elle nécessaire ? Ne vaut-il pas mieux en rester au constat d’ineptie et s’efforcer, soi-même, de penser ailleurs, comme dit l’autre ?
    C’est drôle : les bibliothécaires (et les étudiants) disposent de tous les moyens pour construire une réflexion – moyens offerts par les bibliothèques, justement – et ils se contentent de niaiseries, de texticules mitonés en vase clos et qui se répètent d’auteur en auteur.
    Alors oui : vivement la « bibliothèque 2.0 », comme dit l’auteur du mémoire. Ca nous affranchira définitivement de l’ennui de prendre le temps de lire pour alimenter sa propre réflexion. Grâce aux modernes techniques de communication, on pourra éjaculer son petit « savoir » en se persuadant que le monde n’attendait que ça.

    Floreal

    J’aime

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