Je viens de commencer le livre de Marc Maisonneuve  » Le catalogue de la bibliothèque à l’heure du web 2.0 » qui est une étude comparative des opacs de nouvelle génération.

Dans le premier chapitre il tente avec réussite de définir ce qu’est un opac de nouvelle génération. Il insiste notamment sur la notion de bruit. L’opac traditionnel se démarque par un taux de silence redoutable ! Parce qu’il s’appuie sur le savoir faire du bibliothécaire et donc sur des notions de bibliothéconomie, une requête empirique d’un usager aboutit bien souvent à une page vierge de résultat. Marc Maisonneuve écrit :

Hypothèse favorable : l’usager considère que la bibliothèque n’a rien dans ses collections susceptible de répondre à ses attentes.
Hypothèse moins favorable : l’usager considère qu’à l’heure d’un google dominant, la bibliothèque a déniché le dernier outil capable de ne rien trouver dans une base de plusieurs centaines de milliers de notices

Un opac nouvelle génération doit être en mesure de donner à nos usagers des résultats, peu importe la requête et peu importe le bruit. Car un usager pourra toujours s’adapter au bruit mais pas au silence, souligne Maisonneuve. Et je suis bien d’accord 😉
Mais ça ne suffit pas, il faut pouvoir proposer à l’usager des outils d’analyse des résultats afin qu’il puisse juger de la pertinence des références proposées. L’auteur évoque notamment les facettes. Je vous renvoie au cahier des charges pour le site moderne de la bibliothèque modernes de nos rêves initié par Laurent sur bibliopédia. Si la requête est infructueuse, l’opac propose alors des mots proches – du style « Essayer avec .. »

Mais ce n’est toujours pas suffisant. La « mise en scène » et l’éditorialisation de la notice du  document sont aussi essentielles. Nos pratiques de catalogage, bien aidées par le format MARC, font que la description des documents proposée sur la page de résultat sont illisibles, voire incompréhensibles pour l’usager. De ce fait comment peut il juger de la pertinence de telle ou telle références.  Heureusement nous progressons rapidement sur ce point : les couvertures, extraits, résumés se généralisent …. mais on a pas toujours les trois en même temps 😉
Malheureusement la recommandation ou la critique du bibliothécaires est encore trop invisible sur ces notices et les données de l’usager  – avis, notes, tag … – lorsqu’elles sont tolérées, ne sont pas assez mis en évidence. A notre corps défendant nous faisons aussi avec ce que nous permet notre SIGB !

Exemple de notice sur Aloes. En bas la notice enrichie et éditorialisée à St Herblain.

je me rapelle de mes tous premiers pas derrière une banque de prêt – et ça n’est pas si vieux que cela …. non, non. On m’a expliqué qu’il ne fallait jamais laisser l’usager sans réponse; qu’il fallait, le cas écheant, l’accompagner vers une nouvelle piste de recherche. Notre expertise pour rassurer l’usager dans sa recherche. Et bien ce voeu pieux s’est perdu dans la tuyauterie de nos opacs traditionnels …

6 commentaires sur « Du bruit dans nos bibliothèques ! »

  1. Complètement vrai tout ça…. et une idée me vient : et si nos prestataires, ou nous-mêmes arrêtions de vouloir réinventer la roue…et qu’on proposait d’utiliser la TECHNOLOGIE DE RECHERCHE DE GOOGLE DANS NOS OPACS. C’est possible, moyennant ouverture du catalogue, ou alors finances auprès de google…

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  2. @ bibliodsession > C’est tous le propos du livre de Maisonneuve – un moteur de recherche à la google dans nos OPAC. Une suggestion supplémentaire pour le cahier des charges de Laurent !

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  3. Salutations

    A la Google…

    Mouais, ça me semble un peut court, en sachant que Google n’indexe qu’une toute petite partie d’une page, plus les index quand ils y sont. Question de taille exponentielle du Web.
    Nous n’avons pas des Opac à croissance exponentielle me semble-t-il, alors…

    Proposons déjà une recherche multichamps. (on recherche dans tous les champs de la base)
    Car, que propose Google en réalité ?
    Bingo : une recherche multichamps ! (pleine page = multichamps)
    Et un seul endroit où taper…

    On pourra aussi creuser du côté « soundex » (la sonorité du mot ou sa calligraphie approchante), car combien d’Opac ne supportent pas la plus petite faute d’orthographe !… et même sur certain, le défaut d’accent !
    Pour une génération SMS, ça promet une désaffection totale de ce genre d’outils dans un avenir très, très proche.

    Le mot, c’est la clef d’accès.
    Le mot écrit juste ?

    Et Grmmbl pour les auteurs des pays de l’est ! 🙂

    Contrairement à toi, Lionel, je pense que trop de bruit massacre les yeux de nos usagers.
    Sans possibilité de trier, raffiner le tri, c’est du résultat inutile. (En banque d’accueil, tu as vu des usagers sans réponse, moi j’ai vu des usagers incapables de choisir devant la profusion et le mur de nos étagères… au point que certains me demandent de choisir pour eux. Pas simple du tout !)

    Ça contredit ce que je dis au-dessus ?

    Pas vraiment.

    On présente le nombre de résultats, et on le classe par grandes familles.
    L’idéal serait un mashup type toile d’araignée (avec les Tags ?)
    Navigation à coups de clics et non plus de mots, clic de sélection pour l’ajouter au panier et impression à la demande ou envoi du résultat chez soi, pour trier plus tranquillement et prévoir sa prochaine session bibliothèque.

    Exemple le mot-bulle « animaux », puis enfant, puis âge : 3 à 5 ans. (Oui, des mots plutôt que du code Dewey, le code Dewey c’est de l’indexation informatique… la preuve, il faut une signalétique)

    Et là, on s’aperçoit très vite que nos Opac sont des Opac pour bibliothécaires et n’ont jamais été des Opac pour les usagers.
    On s’aperçoit tout autant, et encore plus vite, qu’ils sont creux.

    Essayons juste un mashup pour voir les liens entre les documents, tel que le permet l’Unimarc.
    L’auteur, sa date de naissance (? pour le classer par siècle ou courant littéraire, ), la cote du livre (quand tout le monde est d’accord 🙂 ), la collection, et avec un peu de bol, la thématique générale pour les documentaires… en clair ou à déduire de la cotation : tout pour le rangement !

    Mais pour le lecteur ?

    Il y manque tellement de données « bibliothéconomiques (?) » évidentes : l’accessibilité du contenu (taille du caractère par exemple, idéal pour les personnages âgées qui me réclament souvent du taille 14… et pas du Gros caractère, parce qu’il n’y a presque rien à lire par page), l’intérêt du contenu, l’âge du lecteur, les thématiques multiples d’un livre, les tables des matières, les bibliographies… Etc. Etc. Etc.

    Passons à ce qui est externe à la bibliothèque, à ce que la bibliothèque, de ses seules ressources et sans le public, ne peut pas fournir :
    – les commentaires du public (et des bibliothécaires, autre public lecteur) et les tags associés
    – le nombre de sorties du livre
    – le conseil des lecteurs (la note de 1 à 5, par exemple)
    – les recommandations des lecteurs : leur top 10.

    Données locales, qui n’ont pas de sens réel dans un Opac Unimarc, mais qui ont tous leurs sens pour le public. Lorsque, si on regarde bien le format Unimarc, pour un lecteur, il n’apporte strictement rien… à part l’emplacement du livre dans la bibliothèque.
    En bis repetita, ce n’est pas l’Unimarc qui t’informe de la présence ou non du livre dans les rayonnages, mais un autre fichier.

    Bilan : à quoi sert l’Unimarc pour le lecteur ?

    Et nous pensons vraiment (!) que donner l’accès à nos données Unimarc pourrait suffire ?

    Alors qu’à part le titre/série, l’auteur, la cote et le type de document, tout le reste n’a qu’un intérêt limité, voire aucun intérêt du tout pour le lecteur (Dans les Opac, ce sont les « Recherches de base », n’est-ce pas. Ok, on rajoute enfin le résumé et la quatrième de couverture dans les notices enrichies… mais peut-on y effectuer une recherche ? J’en doute…)

    Dois-je encore évoquer le problème des dernières recherches effectuées, les demandes d’achat formulées par le public… qui permettraient de dire : oui, moi aussi je suis intéressé par cette recherche, par cette demande. Tiens, le résultat de cette recherche m’intéresse aussi, stockez-la dans mon dossier de lecteur…
    Pourtant voilà des documents « bibliothéconomiques ? » en relation avec les collections, qui s’évaporent dans la nature bibliothécaire. Même pas en enfer, puisque ce sont des données définitivement perdues.
    A la bibliothèque, on réinvente la roue à chaque client. Des intérêts de nos usagers, on ne fait rien.

    Et pourtant, on pourrait aller loin avec nos usagers, il y a tout à réaliser… Mais on préfère regarder notre nombrilique Opac, et l’offrir comme une cerise sur un exquis gâteau. Alors qu’il est sans intérêt aucun pour un lecteur classique. Car il répond à deux questions : vous l’avez « oui/non », il est disponible « oui/non ».

    Il est peut être grand temps de nourrir l’animal un peu plus. 🙂

    Quitte même à le pousser en avant : venez découvrir le roman pas encore acheté, mais déjà prêt à la réservation avec son image et sa quatrième de couverture (et son/ses premiers chapitres, sa table des matières, comme le cherchez au coeur d’Amazon). Intéressé pour le lire : oui ou non ?
    Et on change, de beaucoup, la politique d’acquisition de l’établissement. Voire même la synergie avec nos usagers qui se sentiront plus « maître » dans les choix d’acquisition… tout en gardant notre choix de sélection.

    La synergie du public, le public et ses désirs… toujours oubliés dans nos Opac.

    Comme « Ce que nous sommes ». Toujours oubliés par « Google », alors que la pertinence est évidente !
    D’où mon deuxième Mouais pour « Google »
    Elle serait pourtant simple à mettre en œuvre. Mon âge ; côté « scolaire, universitaire, professionnelle, détente » ; ma profession… et voilà, en trois sélections, de quoi super-affiner les réponses qui me sont destinées.
    Bien sûr, un robot aura du mal à juger de ces critères, encore que, la terminologie, la longueur des phrases, les mots utilisés sur une page, sont significatifs avec un corpus important. Et les créateurs de page web pourrait encore le rajouter dans leurs index, comme ils l’implémentent déjà pour être bien placés dans les réponses « Google ».

    Oui, Ce que nous sommes : totalement oubliés dans nos Opac !!!
    Et là, à la différence d’un moteur de recherche, il ne sert à rien de rajouter « bibliothécaire », ou un autre métier sur la ligne. La réponse renverra du vide silencieux.

    Alors que si on cherchait sur tous les champs, dans les commentaires, dans les tags, dans les recherches des usagers… l’Opac « public » serait mille fois plus riche que notre malheureux Opac Unimarc, et en plus il serait adapté au public.
    Et on trouverait : livre recommandé par Hubert35, boulanger (qui accepte de partager son tag « métier » dans ses commentaires), ou recommandé par le réseau du club de lecture du quartier de la gare.

    Au bibliothécaire, alors, de ranger, classer les tags, les apparier avec les siens propres, et de comprendre comment le public voit les documents, pour mieux les lui présenter.

    Ouvrir la porte de la bibliothèque pour, enfin, lire ensemble.

    Voilà pourquoi il faut chercher sur l’intégralité des champs.
    Mais pas « comme Google », mieux que Google.
    Bien mieux.

    Parce que Google, c’est minable dans sa version actuelle. Et si le Web 2.0 se tourne vers les réseaux sociaux, les Digg et autres moteurs référencés par « l’usager », ce n’est pas sans raison.

    Alors pas « comme Google », oh non, mais mieux que Google 2008.
    Bien mieux.

    Parce que nous, bibliothécaires, valons largement mieux.

    Bien cordialement
    Bernard Majour

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  4. @ Bernard > ça c’est du commentaire maousse costaud. Merci de nous faire partager généreusement ta réflexion.

    « A la google ». Ne signifie pas « comme Google ». Il ne s’agit pas d’être dans la même logique de recherche, mais dans la même ergonomie et notamment un seul champ de recherche sans imposer à l’usager notre mode de classement ( auteur, titre, sujet ). Derrière ça la recherche multichamps, le soundex ….. tout ce que tu propose permettent d’offrir un résultat, même si la requête est empirique, loin de notre thésaurus. On élimine le silence et on éloigne un peu la désaffection de notre outil.

    Sur le trop de bruit. Nous sommes d’accord. Dans le billet j’écris : « [faire du bruit ] ça ne suffit pas, il faut pouvoir proposer à l’usager des outils d’analyse des résultats afin qu’il puisse juger de la pertinence des références proposées. L’auteur évoque notamment les facettes….Si la requête est infructueuse, l’opac propose alors des mots proches – du style “Essayer avec ..” »
    Tes suggestions sur ce point vont totalement dans ce sens et bien au délà .

    Enfin, mille fois d’accord sur le recentrage de nos opacs sur l’usager et ses métadonnées. Je l’ai déjà écrit sur ce blog, cessons de le considérer pour ce qu’il doit être, mais pour ce qu’il est !

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